Issu de la fusion de deux axes dont le laboratoire s'était doté au cours du quadriennal précédent (« Contextes de pensée et disciplines formatrices » et « Contextes de scolarisation, violences et incidents »), ce chantier entend gagner en généralité et en cohérence.
L’histoire de la constitution des disciplines mais aussi leurs effets de subjectivation, l’empreinte qu’elles laissent sur les personnes les ayant pratiquées, sont un objet de recherche de première importance. Autour de la notion de discipline, nous abordons ainsi la question des savoirs et des rapports aux savoirs, de même que celle de la coercition comme mode d'intériorisation de normes. Les normes se déclinent pour leur part en tant que normes à enseigner (principes de la logique ou de l'esthétique par exemple), ou comme normes présentes dans les discours et les réquisits scolaires (normes de genre, normes de conduite, définition des déviances). Traditionnellement, l'école a été envisagée sous l'angle de la socialisation et de la transmission de normes. Les déviances questionnent cependant de plus en plus fortement les formes scolaires, en particulier dans les contextes populaires de scolarisation (indiscipline, violences, déscolarisation...). Les normes scolaires apparaissent par ailleurs disparates, évoluant dans le temps et variant fortement selon les contextes de scolarisation, nationaux et locaux. Avec l'examen de la diversité des formes scolaires, on touche ainsi aux questions-limites des modes de socialisation différents et de la transmission de savoirs dans des cadres culturels alternatifs.
L’intérêt du concept de discipline est de réunir des termes qu’on relie trop peu d’habitude : les matières scolaires, objet d’étude de la didactique avant tout, l’empreinte coercitive laissée sur les individus, qu’on peut voir déclinée en violence symbolique en sociologie notamment, et les effets de formation d’un sujet, que la philosophie ou la psychanalyse considèrent plus particulièrement. Des interrogations locales sur les disciplines formatrices, les disciplines nouvelles (dont la philosophie avec des enfants), sur l'approche clinique des apprentissages alimentent ce cadre de questionnement. Des travaux sur les violences à l'école, les jeux dangereux ou les pratiques corporelles à caractère artistique s'y inscrivent également pleinement. Des recherches sur l'interculturalité, les éducations à la santé, les dispositifs de formation ou les établissements scolaires différents viennent enfin compléter le champ des objets investis au titre de ce chantier.