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16 novembre 2018 : journée d'étude « Pédagogie du supérieur, entre histoire et actualité : du cours magistral a l’individualisation »

16 novembre 2018 : journée d'étude « Pédagogie du supérieur, entre histoire et actualité : du cours magistral a l’individualisation »

2018 pedago nov

[Arras] 16/11 : journée d’étude « Pédagogie du supérieur, entre histoire et actualité : du cours magistral a l’individualisation », org. : C. Couturier et J.-F. Condette

 

L’université a subi de profondes transformations ces dernières décennies : le public étudiant s’est transformé, les attentes sociétales comme la technologie ont changé, les politiques publiques ont évolué, la formation à la pédagogie est devenue obligatoire pour les nouveaux maîtres de conférence et la pédagogie dans l’enseignement supérieur est devenue un champ de recherche foisonnant.

La pédagogie dite traditionnelle est incarnée par le "cours magistral » qui recouvre en fait des réalités très diversifiées. Il existe de nombreuses autres formes d’enseignement, qui sont d’ailleurs présentes depuis longtemps (plus individualisées, en petits groupes…) et les nouvelles technologies ont élargi la gamme des possibles. Cette journée qui veut croiser les approches disciplinaires nous permettra de questionner les éléments clés de la pédagogie du supérieur, ses processus de transformations, ses tensions, ses finalités... et de les mettre en perspective

 

PROGRAMME à télécharger

 

La Revue de l'enseignement supérieur (1955-1968) et la réforme de la pédagogie universitaire

Jean-François Condette, ESPE Lille Nord de France, chercheur au CRHES (Université d'Artois)

En 1956, alors que l’enseignement supérieur français entre dans une phase de profondes mutations et de massification de ses effectifs étudiants, est publié le premier numéro de la Revue de l’enseignement supérieur, revue qui apparaît très proche des autorités dirigeantes de l’université française. La revue a pour but de mieux faire connaître le fonctionnement et le dynamisme des structures universitaires, tant dans les activités d’enseignement que dans la recherche, mais aussi de proposer les réformes nécessaires qui lui permettront de soutenir la concurrence internationale désormais très forte dans cette période des trente Glorieuses. Jusqu’en 1968, la revue propose 43 numéros, le plus souvent thématiques, qui abordent toutes les questions majeures qui animent l’enseignement supérieur français alors qu’elle rend compte également à plusieurs reprises des réformes opérées et qu’elle consacre aussi l’un de ses numéros au colloque de Caen de novembre 1966 qui réunit de nombreux universitaires souhaitant accélérer la réforme de l’université. Quelle place les questions pédagogiques occupent-elles dans la revue,  pour quels constats et quelles propositions ?

 

Didactique et rhétorique chez Aristote

Alain Firode, ESPE Lille Nord de France, chercheur à RECIFES (Université d'Artois)

Les débats actuels touchant les méthodes d’enseignement nous ont habitués à instituer une opposition massive et monolithique entre, d’une part, les pédagogies dites « progressistes » (ou encore « actives ») et, d’autre part, les pédagogies dites « classiques » (ou encore « transmissives »). Cette situation polémique a pour effet de rendre invisible la diversité (et la richesse) des pratiques d’enseignement antérieures à l’apparition des pédagogies nouvelles, comme si ces pratiques, assimilées sans autres formes d’examen aux pédagogies dites « magistrales », formaient un bloc indistinct, uniquement défini par son opposition aux méthodes « actives » prônées par le progressisme contemporain.
A l’opposé de cette façon de présenter les choses, la présente étude se propose de montrer, en s’appuyant sur l’analyse de textes pris du corpus aristotélicien (2d Analytiques, Topiques, Rhétorique), que le modèle pédagogique adopté par l’Antiquité grecque pour l’enseignement scientifique et philosophique ne correspond nullement à ce qu’il est convenu d’appeler « cours magistral ». Cette conclusion, comme nous tenterons de l’établir, se tire de l’examen de la distinction qu’Aristote institue entre les trois registres de discours que constituent, dans la théorie aristotélicienne, l’usage didactique de la parole, son usage rhétorique et son usage dialectique (faute de temps, l’exposé se limitera toutefois à l’examen de la distinction didactique / rhétorique). Ces analyses, enfin, nous paraissent éclairer, d’un point de vue à la fois philosophique et historique, l’émergence progressive du « cours magistral », en tant qu’elles incitent à interpréter celle-ci comme un effacement de la distinction aristotélicienne entre registre didactique et registre rhétorique de discours. Autrement dit, comme un oubli de la nature propre de la parole didactique.  De là la possibilité d’une critique du cours magistral différente de celle que lui adressent ordinairement les partisans des méthodes dites « actives ».

 

Quelle place pour la méta-cognition dans les activités proposées aux étudiants ?

Julien Douady et Christian Hoffmann, Université Grenoble Alpes

En croisant le concept de méta-cognition, d’une part, et un modèle d’engagement dans l’activité, d’autre part, nous interrogerons les conditions qui peuvent favoriser l’introduction et le développement de pratiques méta-cognitives de la part des étudiants dans l’enseignement supérieur, et notamment les conditions sur lesquelles le corps enseignant peut agir. Le propos sera illustré à travers un exemple précis compatible avec une déclinaison en grands groupes : l’utilisation des degrés de certitude associés aux questionnements des étudiants pour engendrer un processus méta-cognitif propice à l’apprentissage. 

 

Individualiser la pédagogie grâce aux connaissances et compétences en Psychologie

Mathieu Hainselin, Université UPJV, Chercheur au Centre de Recherche en Psychologie : Cognition, Psychisme et Organisations

Les recherches en Psychologie s’intéressent depuis longtemps à l’individualisation des accompagnements proposés aux différents publics. A la fois à partir d’étude de cas et de cohortes, une des préoccupations est de prendre en compte les biais d’analyses, tout en dégageant des grandes tendances. Un des plus grands défis est de trouver les méthodes pour garantir l’équilibre entre ces grandes tendances et l’individualisation des accompagnements proposés.